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Interview de Stéphanie VERSEPUY

Mission : Mise en œuvre d’une cellule d’écoute psychologique pour les salariés subissant une liquidation de leur structure

Dans quel contexte êtes-vous intervenues ?

Il a été fait appel à nous dans un contexte de liquidation d’une structure.

À l’annonce de cette liquidation, les salariés ont eu un choix à faire, soit être reclassées en région, soit avoir des indemnités et être au chômage. Ils sont restés une longue période dans une grande incertitude (Calendrier, postes proposés pour les reclasser, futur chef de service, etc.).

Un contexte donc tendu et difficile, dans lequel il était indispensable d’être à l’écoute et disponible pour une efficacité optimale de la démarche.

À la suite d’une expertise CHSCT et des pistes d’action préconisées, la direction et les représentants du personnel ont décidé de mettre en œuvre une cellule d’écoute psychologique pour les salariés.

Quelle est votre démarche pour construire ce type d’intervention ?

La première étape est une rencontre avec la direction pour échanger sur ses besoins et sa demande.

Ensuite, nous rencontrons les représentants du personnel pour nous présenter et recueillir leur point de vue sur la situation et leurs attentes.

Nous estimons que c’est seulement à la suite de ces entretiens que nous pouvons construire une proposition d’intervention adaptée.

Qu’avez-vous proposé de spécifique dans ce cas précis ?

Nous avons proposé un dispositif d’intervention que nous avons souhaité le plus adapté possible, pour que chacun se sente intégré dans la démarche selon sa vision et ses besoins (qui vont évoluer au cours des semaines). L’objectif était d’aller plus loin qu’une seule cellule d’écoute, dont on sait qu’elles ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux.

Ce dispositif a donc été articulé autour de deux axes :

  1. Premièrement, une écoute active qui permet de recueillir ce que la personne souhaite dire et ce qui la fait souffrir, dans un cadre contenant et bienveillant.
  2. Deuxièmement, un accompagnement pour ceux étant déjà à l’étape suivante et pour qui l’étape d’écoute active ne faisait plus sens. Comment fait-on cela ? Par des échanges, des réflexions, des questions/réponses, qui, à terme, permettront une projection vers un autre environnement professionnel. En d’autres termes, nous avons accompagné les personnes pour éclaircir leurs souhaits et déterminé les objectifs qui étaient importants pour elles.

Ces temps d’écoute se sont déroulés selon deux modalités :

  • Une présence sur site ainsi qu’une présence en dehors de la structure ;
  • Une disponibilité téléphonique.

Nous avons également souhaité qu’un certain nombre d’acteurs spécifiques puissent accompagner et soutenir les salariés dans ce contexte délicat. Ainsi, nous avons proposé deux sessions de sensibilisation : une pour le comité de direction et une pour les instances représentatives du personnel. Les objectifs étaient multiples :

  • Prendre connaissance d’un certain nombre d’éléments théoriques (définir et clarifier des notions liées aux risques psychosociaux, détecter et agir face à un salarié en difficulté, connaître son rôle et ses limites, etc.)
  • Évoquer les situations difficiles et réfléchir collectivement aux moyens d’y répondre

Quelle est l’expérience de l’équipe mobilisée sur cette mission, dans le domaine de l’accompagnement individuel, mais aussi collectif ?

Nous sommes intervenues à deux consultantes, avec deux profils différents, afin de garantir une qualité optimale d’intervention et une disponibilité plus importante.

  • Fabienne est psychosociologue et coach certifiée. Elle est spécialisée dans l’intervention et la prévention des risques psychosociaux. Ses 15 années d’expérience l’amènent à intervenir sur des sujets et contextes variés : situations de crise, dialogue social tendu, relations de travail dégradées, mais aussi sur des diagnostics RPS que sur des formations et du conseil sur la prévention des RPS. Sa formation et son expérience lui permettent d’intervenir à un double niveau : l’écoute active et le coaching.
  • Stéphanie je suis psychologue du travail, ergonome et coach certifiée. Je me forme actuellement en thérapie brève pour enrichir mes compétences. Mes 10 ans d’expérience me permettent d’intervenir sur tout sujet (diagnostics, accompagnements, entretiens souffrance au travail) et tout type de structure, autant en prévention primaire et secondaire, qu’en tertiaire. Ayant un cabinet dans lequel je reçois des clients pour les accompagner, les cellules d’écoute font partie intégrante de mon activité depuis plusieurs années. Tout comme Fabienne, ma formation et mon expérience m’ont permis d’intervenir à un double niveau, ce qui s’est avéré être un réel atout dans le cadre de cette mission.

Quel a été selon vous les bénéfices / résultats ressentis par les salariés que vous avez accompagnés ?

Les salariés ont souligné notre qualité d’écoute, notre discrétion et notre professionnalisme. Pouvoir à la fois s’exprimer et/ou être dans une démarche active de réflexion sur l’avenir et des moyens à mettre en œuvre a été largement apprécié.

Beaucoup ont pu avancer sur leur « deuil » lié à la liquidation de la structure (ce qu’elle représentait, en quoi cela forgeait leur identité…), ou encore sur ce que cette situation pouvait faire resurgir ou provoquait comme peurs ou angoisses. Ils ont pu mettre des mots sur leur ressenti et s’exprimer sur les émotions ainsi que sur les besoins derrière ces émotions.

Verbaliser aide à avancer, à purger, à digérer, et d’une certaine façon, à accepter.

D’autres (ou les mêmes rencontrés à un moment différent) ont, quant à eux, pu commencer une réflexion sur leur future démarche, voire déjà commencer à mettre en œuvre des actions pour leur avenir professionnel.

De plus, les salariés étant devant un choix (être reclassés ou quitter définitivement la structure), la démarche proposée et nos profils ont également permis une réflexion approfondie sur les différentes options qui s’offraient à eux.

De notre point de vue et de ceux des personnes rencontrées, cette démarche fut un vrai bénéfice, à la fois pour s’exprimer, mais aussi pour avancer.

Qu’est-ce qui est important dans ce type de démarche ?

Ce qui est essentiel c’est que chaque personne puisse se reconnaître dans la méthodologie proposée et qu’un lien de confiance se tisse entre les intervenants et les salariés. Pour cela, nous avons en début d’intervention assisté à une réunion d’équipe où nous avons pu nous présenter et dérouler la démarche à l’ensemble de l’équipe. Sans ce lien de confiance et cette visibilité, la cellule d’écoute ne pouvait pas fonctionner dans de bonnes conditions.

Deuxième point, nous garantissons bien entendu la confidentialité des propos et l’anonymat, indispensables dans ce type de démarche.

Qu’est-ce qui a permis le bon fonctionnement de la démarche et que chacun y participe activement ?

Tout d’abord, nous sommes toujours deux intervenantes sur nos missions. Cela permet à la fois une présence plus importante pour nos clients, mais également une richesse liée au fait que nous échangions et croisions nos regards pour rendre l’intervention la plus adaptée et efficace possible.

Également, le fait que nous soyons présentes toutes les semaines a permis de connaitre étroitement l’équipe, de leur parler de façon informelle et aussi de répondre à leurs questions.

C’est ce qui a créé le lien de confiance et le succès de la mise en œuvre de la démarche.

En résumé, quelles sont vos particularités et pourquoi faire appel à vous ?

  • Tout d’abord, nous avons le souci permanent de répondre aux besoins de façon adaptée.
  • Ensuite, l’intégration de l’ensemble des acteurs, la présence et la visibilité vis-à-vis de l’équipe sont des éléments centraux dans la mise en œuvre de nos démarches, que ce soit pour une cellule d’écoute ou un autre type d’intervention.
  • Enfin, proposer plusieurs méthodologies dans l’accompagnement est un véritable pilier, car cela permet de s’adapter à l’ensemble des situations et des individus.

Cette mission a été réalisée par Mon Carré Vert, partenaire de Travail & Prévention.

Propos recueillis par Clémence Lebas.